Toutes les histoires ont un début, c'est ainsi. Voici donc, en quelques mots, la genèse d'une aventure que l'on appelle compagnie Rubis Cube.



Il était une fois, sur une colline verdoyante tapissée de bois et de champs, de jeunes gosses qui se rassemblaient une fois par semaine, un foulard autour du cou, pour découvrir et s'amuser. De ces mômes, nous étions et n'avions comme seule et unique limite que notre imagination. D'abord, nous avons participé et regardé nos aînés, écouté leurs histoires et vécu nos premières équipées. De cette exploration insouciante naquit l'envie de bondir costumé, de chanter, de vibrer, de brûler comme le feu qui nous rassemblait. Ainsi donc, l'enfance fila, merveilleuse, forgeant aux rythmes des souvenirs, notre amitié.





Adolescents, c'était désormais à nous de mener la danse. Armés de breloques et de haillons, en deux temps trois mouvements, les personnages prenaient forme. L'histoire naissait sans qu'on sache où elle s'arrêterait, les enfants animés, comme un seul homme, nous suivaient à l'aventure. C'est dans ces instants féériques de pur bonheur, devant ces flammes, ces décors à ciel ouvert, ces regards passionnés, c'est dans ce terroir de folie généreuse que se trouvent les racines et l'essence de la compagnie Rubis Cube.






Veillées, spectacles, balades contées, écriture, jeux, improvisations, montages vidéo et bien plus encore. Notre soif de créer n'était jamais rassasiée. Dans les bois, les caves, les greniers, nous nous réunissions pour des préparations jusqu'au bout de la nuit. Certains personnages deviendront récurrents, Monsieur Monstre animera de son cynisme plus d'une veillée du feu de Dieu.









Les années passèrent et l'heure de céder notre place aux suivants et de quitter le mouvement de jeunesse arriva. L'heure était venue d'explorer d'autres espaces. C'est à cette époque qu'au détour d'une de nos pérégrinations, nous découvrîmes le théâtre de rue et ce dernier attira sans conteste notre attention. Cet art, cet univers ressemblant cruellement à ce à quoi nous adhérions. Du festival du Bocage à Chassepierre, de Namur à Avignon, dès que l'occasion se présentait, nous mettions les voiles, cap sur un festival. De notre gradin, nous observions et apprenions sans en perdre la moindre miette. Pour tout dire, nous récoltions une à une ces pépites, ces mots, ces rires : les premiers coups de coeur, Cie des Chemins de terre, les Six Faux Nez, Arsenic, les baladins, Annibal et ses Eléphants pour ne citer qu'eux. Coup de gueule, poésie, délire, chacun nous toucha à sa manière. Les perspectives s'élargirent.






Mais bien vite ça nous démangea ! Les idées se bousculèrent dans nos caboches, fallait en être ! Pour faire nos gammes, nous commençâmes par un spectacle composé d'une marionnette fabriquée à partir d'un essuie et d'une paire de balles de ping-pong, ainsi qu'un éclair au chocolat. Nous animions anniversaires et autres réunions de bambins déchainés. Un début sympathique, certes, mais nous avions envie de plus. Sans compter que le prix des éclairs étant sans cesse en hausse, notre part sur les bénéfices fondait comme chocolat au soleil. Du projet minuscule, nous passâmes au gigantesque en créant "Le Chapeau Vermicelle Poivre et Sel", un spectacle de marionnettes son et lumière. Pour ce faire, nous avions reconstruit complètement une chambre d'enfant à partir de vieux décors récupérés çà et là. Des heures de travail et beaucoup de plaisir pour deux représentations. Devant l'ampleur des décors, nous savions qu'il serait impossible d'aller plus loin avec ce spectacle.








L'objectif nouveau fut de créer un spectacle de niveau supérieur et dont la mobilité ne poserait aucun problème. 2006 débuta et nous étions sur tous les fronts, l'écriture n'était pas terminée que nous répétions déjà les premières scènes à la lueur d'un spot. Nous étions les seuls à y croire et pourtant aucun doute n'effleurait nos esprits. Tout se mit en place avec les moyens du bord. Un ami menuisier animé par la même flamme nous fit le décor dont nous rêvions, le masque de cuir commandé sur un site italien enfin arrivé, "Lèpre et Sentiments" était né. Il ne restait qu'un seul problème, celui de tous spectacles, trouver des dates. Nous décidâmes de miser sur le festival le plus proche de nos huttes à savoir Rue du Bocage à Herve. Entre deux coups de pelleteuse dans son jardin (ou était-ce la répétition d'un futur spectacle (avec lui on ne sait jamais)), Stéphane Georis, à l'époque responsable de la programmation, nous reçût et sans chicaner, nous offrit l'opportunité de jouer dans un jardin près de l'église. Chapeau l'artiste, sans cette opportunité, notre projet serait peut-être mort-né. Nous fêtâmes la nouvelle par une répétition en nature.




Camping du pont d'Avignon juillet 2006






















Nous avions quelques mois pour nous préparer. Nous profitâmes de nos vacances à Avignon pour prendre notre décor sous le bras, répétition dans le camping et baptême du spectacle sur la place du Palais des Papes pour les touristes du jour. Nous avons sué comme des bêtes mais le résultat fut clairement encourageant. Le spectacle fut un succès et le chapeau utilisé pour fêter ça à la téquila. Enfin, le festival de Herve arriva, les deux représentations furent un franc succès. Le spectacle fini, on nous proposa un concours à Hannut que nous remportâmes quelques mois plus tard; le premier prix, une participation à Namur en mai. Depuis les dates s'enchaînent comme un incroyable jeu de piste. Les petits autodidactes passionnés que nous étions se sont professionnalisés pour que l'aventure continue, toujours plus loin.